lundi 30 décembre 2013

SSC1/1 - Ça se passait dans une sorcellerie


Je me suis laissé embringuer dans une histoire qui souvent me dépasse, dont l'ampleur parfois m'effraie et dont je n'arrive toujours pas à me dépêtrer. Et c'est pourquoi j'ai tant tardé à refaire surface. 
J'étais devenu un terroriste

Je me suis laissé embringuer dans une histoire pas vraiment drôle et que j'ai du mal à écrire, dont je peine à trouver le beat ou la respiration et dont je ne suis même pas sûr d'avoir assez de force et de raison, ni même assez de mots, d'orthographe, de grammaire ou de ponctuation pour en venir à bout... avant de dévisser, de calancher, de claboter... 

Ça se passait dans une sorcellerie, dans un monde dirigé par des sorciers, dans un monde comportant… En sus d'une Haute Hiérarchie classée « hors catégorie » ! Le "Père" ou "commandeur" de tous les sorciers que, prudemment, je me garderai de découvrir !, une ribambelle, une ratatouille, une tripotée ou une fricassée de sorciers de différents niveaux. 

Il y avait les sorciers « régaliens » qui appartenaient à la garde rapprochée de la Haute Hiérarchie et étaient chargés de régenter des secteurs considérés comme particulièrement stratégiques. 
Venaient ensuite les sorciers « feudataires » ayant reçu de la Haute Hiérarchie, en prébende, un domaine particulier de prédation, les sorciers « légataires » chargés d'exercer un pouvoir prébendier sur une installation ou un établissement  particulier (un « service » à administrer, une ambassade à régenter, une région militaire ou une zone de défense à commander, une banque publique à gouverner, une cour de justice à présider, une entreprise publique à manager) et les sorciers « proconsulaires » et « territoriaux » chargés d'exercer un pouvoir prébendier sur une circonscription féodale (grand-duché, duché, comté, baronnie) ou une circonscription autonome (ville franche, bourg autonome) de la sorcellerie

La Haute Hiérarchie et les sorciers régaliens et feudataires qui lui étaient inféodés, se concertaient régulièrement pour discuter des affaires de la sorcellerie et se partager les dépouilles de la chose publique. Ils tenaient alors des Conciliabules dont les travaux faisaient l'objet de comptes rendus rédigés et diffusés par Tshaku, un sorcier régalien chargé tout spécialement de la mobilisation, de la propagande, de l'animation politique et de l'éducation du peuple (et, en bonus, de la coordination stratégique de la pensée unique à l'usage des ensorcelés). Les Conciliabules se tenaient pendant la journée, dans des salles climatisées et éclairées par des tubes au néon, à l'intérieur de bâtiments publics et de façon officielle. 

Mais la Haute Hiérarchie et tout ou partie des sorciers de la garde rapprochée tenaient aussi des réunions clandestines au cours desquelles ils ourdissaient (dans la plus grande discrétion et avec le concours technique des « services ») des conspirations politiques, sécuritaires, policières, militaires, judiciaires, économiques, finncières ou diplomatiques contre la population, les lois, les institutions et la Constitution de la sorcellerie. Les conjurés se retrouvaient alors, en fin de journée, la nuit ou pendant le week-end, dans des endroits tenus secrets : un domaine ou une ferme éloignée, un hôtel particulier, un ranch situé en bordure d'une réserve naturelle, une pagode chinoise ou un palais de bambous, un camp militaire sévèrement gardé ou tout autre lieu inaccessible au public et aux journalistes.

Dans ce monde fuligineux, les différents « services » jouaient un rôle très important. Ils étaient chargés, en effet, d'assurer la conservation et la pérennité du pouvoir de la Haute Hiérarchie, d'en sécuriser les propriétés, d'en augmenter les biens et aussi d'exercer une mission de surveillance générale, non seulement des sorciers subalternes (inféodés certes à la Haute Hiérarchie  mais qu'il fallait néanmoins tenir à l'oeil) mais aussi de la population et, plus particulièrement, des citoyens indociles et frondeurs, de tous ceux qui voulaient changer le monde ou se risquaient à manifester ouvertement leur opposition au système sorcier. 

Gérant des dossiers dits sensibles, exécutant des missions dites secrètes, les « services », dirigés par un nommé Ysengrin, n'avaient de comptes à rendre qu'à la Haute Hiérarchie, si bien qu'ils échappaient à tout autre contrôle. Répondant uniquement aux ordres de personnes situées tout au sommet de la pyramide du pouvoir, les responsables et les agents des « services » considéraient qu' ils ne pouvait être entravés dans leur action, ni par le respect des droits de l'homme, ni par celui de l’État de droit. Ils ignoraient donc les lois officielles de la sorcellerie de même que les conventions internationales auxquelles la sorcellerie avait adhéré, se permettaient de les transgresser allégrement et agissaient dans l'impunité la plus totale.

De plus, à l'intérieur de chacun de ces « services » de même que dans les différents fiefs et prébendes de la sorcellerie… Et quelquefois à leur tête !,  figuraient un certain nombre de personnes particulièrement perverses ou dévoyées,  expertes en conjurations de toutes sortes... qui échafaudaient des scénarios machiavéliques, tramaient  des  complots policiers, judiciaires ou autres, concevaient des guet-apens et des traquenards, montaient des attentats, ordonnaient des opérations de liquidation et autres « coups tordus » ou « basses besognes » dont l'exécution était confiée à des instrumentistes stipendiés et spécialement instruits à cet effet. Ces personnes-là, on les appelait les crapuleux. 



Ndlr (2016) : Pour en savoir plus sur le fonctionnement du système sorcier, on peut dès à présent cliquer sur :http://ssc-10.blogspot.be/


Ce système de sorciers, de « services » et de crapuleux était répercuté à tous les niveaux de la société. Du sommet à la base de pyramide. Il régissait non seulement le fonctionnement général de la « chose publique » mais aussi celui de chacune de ses composantes. Non seulement la sorcellerie dans son ensemble mais aussi chacune de ses subdivisions territoriales. Non seulement les établissements particuliers et les comptoirs régaliens et commerciaux mais aussi leurs filiales et succursales dans les duchés, les comtés et les baronnies, les villes franches et les bourgs autonomes. Et, tout à la base de la pyramide… L'exemple venant d'en haut assurément !, ce système inspirait également les façons d'agir et de penser des micro-sorciers : les tenanciers et percepteurs-taxateurs de différents petits ligablos publics qui contenaient, tracassaient, pressuraient et réprimaient la population sous prétexte de l'encadrer.

Ce système régissait de la même manière, on s'en doute bien, le fonctionnement de la Châtellenie d'Awel, cette chefferie imaginaire où, une fois la nuit tombée, me conduisaient habituellement mes aventures de hibou oreilles de chat,

J'étais devenu un terroriste. 
Et ça se passait dans un monde de sorciers.






Ndlr : Vous êtes perdu(e)s ?
Et vous vous demandez où trouver un plan de la ville, un menu de la semaine ou une table des matières quelconque… et comment avoir accès à chacune des différentes séries de séquences du buku « sorciers, services et crapuleux » ?
Problème ezali te, cliquez sur : http://sosecra.blogspot.be/







SCC1/2 - Ce soir-là, c'était la fête ! Une grande dame de la sorcellerie recevait de nombreux invités dans son hôtel particulier



Ça se passait dans la châtellenie d’Awel, dans un monde dirigé par des sorciers.

Ce soir-là une importante réunion se tenait dans un hôtel particulier de la châtellerie, une réunion qui, cependant, n'était pas secrète et n'avait rien d'un Conciliabule ou d'une conjuration. 
Il s’agissait d'une fête, tout simplement, sans aucun caractère politique visible, une fête organisée, deux jours avant la nouvelle année, à l'occasion de l'anniversaire 
- Je vous aime tous ! Je vous adoooore ! Merci d'être venus si nombreux !
d'une grande dame de la sorcellerie

A cette occasion, des sorcières et des sorciers de haut niveau avaient été invités à passer une soirée festive
- Faites comme chez vous ! Buvez, mangez, dansez, faite du bruit ! Soyez les bienvenus !
dans l'hôtel particulier de cette grande dame. Parmi les personnes invitées figuraient notamment quelques collègues, membres du Grand Conciliabule, des moprezo de divers conseils et assemblées, des représengants légaux et des autorités morales, des généraux commandant des bandes armées de corps habillés en bleu et en treillis militaire, un certain général***, prélat inquisiteur et persécuteur du Saint-Office, des grands-ducs, des ducs, des comtes et des barons, des sénateurs et des députés de « la majorité » et aussi de  «l'opposition» (parfois nzing-nzong ou chauve-souris... mais toujours perdiémistes)
- Excellences et chers collègues, mesdames et messieurs les chef de missions, honorables, éminences, messeigneurs, révérends et messieurs les représentants légaux, ADG et présidents de conseils d'administration, distingués invités, chers amis, merci d'être venus si nombreux ! Merci d'avoir bien voulu répondre à mon invitation ! Je vous aiiime trop ! Je suis tellement contente de vous recevoir chez moi !
des administrateurs des « services », des administrateurs et dirigeants d'entreprises publiques et privées, des hauts-fonctionnaires, des professeurs-docteurs, des banquiers engagés dans des discussions bruyantes ou quelquefois feutrées, des directeurs de cabinet, des secrétaires particuliers. 
Des gens importants, quoi ! Et tous très élégants, portant leurs "habits de la bonne année"... Oyo ateli te, akolia bonne année te !

Ces différentes "autorités" étaient  courtisées par de nombreux diplomates et lobbyistes, également invités, représentant...
- Je vous adooore ! Je vous tellement heureuse que, malgré toutes les obligations qui sont les vôtres, les hautes charges qui vous incombent et les fonctions prestigieuses que vous exercez, vos révérences, grandeurs, hauteurs, largeurs, honneurs, rondeurs, opulences, plénitudes, amplitudes, magnitudes et magnanimités, abondances, richesses, altesses, altitudes, saintetés, sérénités,  heureusetés, hautainetés, prospérités, notoriétés, supériorités et suprématies, seigneuries, noblesses, notabilités, grâces et gracieusetés, aient accepté de se joindre à nous ! Votre présence à tous dans mon humble demeure m'honooore ! Vous m'en voyez absolument ravie !
des pays gros-bras et gros intérêts : la Chine, les États-Unis, la Russie, la Grande-Bretagne, l'Inde, le Japon, le Brésil, l'Afrique du Sud, l'Allemagne, la France... et de nombreux autres Etats européens de plus petite taille mais de très vieilles traditions sorcières.
Sans compter les représentants locaux des multinationales et les  bons apôtres du FMI, de la Banque mondiale, de l'Union européenne et des Nations Unies. Et même quelques ambassadeurs de seigneuries voisines, des seigneuries 
« soeurs et amies » mais aussi « rapaces et coupeuses de route », soupçonnées d'envoyer régulièrement des bandes armées piller les richesses de la châtellenie
Rien que des personnes de la haute société sorcière  !
Des personnes de qualité et d'un commerce généralement considéré comme instructif ou agréable !  
Le gratin de la châtellenie, quoi !

Et, bien sûr, un certain nombre de dames d'honneur, gandins et gourgandines de bonne compagnie, animateurs et animatrices, bien sapé(e)s, bien coiffé(e)s, bien maquillé(e)s et bien éclairci(e)s,  tous chargés de mettre de l'ambiance, de secouer leurs fesses… Pesa mokongo, tanda biloko !, et de se trémousser, de chauffer la salle, d'attirer les regards des invités et de donner du piment la soirée.
De bien belles personnes, quoi ! Joyeuses, bien en chair et au rire mercenaie...
Et, pour faire couleur locale, avaient aussi été conviés à la fête le groupe d'animation politique et culturelle de la sorcellerie dans lequel figuraient, chantaient, dansaient, se pavanaient, se dindonnaient et se trémoussaient (notamment) le prévôt, le bailli, le tabellion, le gonfalonier, le chef de la compagnie des arquebusiers, le colonel du régiment de mercenaires hallebardiers, les lingères et les cuisinières, les chauffeurs et les plantons et toutes les secrétaires et guichetières au visage avenant du service de la population. 

En outre, quelques spécimens d'habitants des quartiers et des groupements avaient reçu des "motivations" pour venir "faire peuple" (sans cependant pouvoir accéderau bâtiment principal) et constituer une foule de sympathisants invités à se presser devant l'hôtel particulier de La Malibran, sur la place Fernand Cocq... où des pompes à bière et des bacs de sandwiches étaient mis gratuitement à la disposition du public.
Ceux de la rue Gray, de la rue Malibran, de la rue Goffart, de la rue de Venise, de la rue Maes, de la place Hendrik Conscience et de la rue du Collège, de la rue de Hennin, de la rue du Viaduc et de la rue Sans-souci étaient représentés par une joyeuse bande de clients du Delhaize ou d'Aldi. 
Ceux de la chaussée de Boendael et de la chaussée de Wavre, de la place Flagey et du rond-point du Cimetière, de l'hôpital de la rue Jean Paquot, de la Plaine et du Solbosch étaient représentés par une joyeuse bande d'étudiants bisseurs tandis qu'une joyeuse bande de fetards fiscaux, soki faransés, soki faransis, faisaient honneur aux beaux quartiers : les environs de l'avenue Louise, du parc Tenbosch, du Bois de la Cambre et des Etangs, la rue Defacqz et la rue de Livourne, la place du Châtelain et la place Brugmann, l'avenue Molière.

Avaient également été invités, plusieurs notables et autorités coutumières, cantinières, agitateurs et troubadours du groupement quasi-autonome d'Awel-Matonge
Le groupement d'Awel-Matonge étant un repaire de contestataires et d'opposants aradjicaux, beaucoup d'Awélés Connus (les AWC) originaires de ce groupement, après avoir quelquefois été tentés...  Nani akozala kuna ? Perdiem ekozala ?, de succomber à la tentation et de répondre potitivement à l'invitation qui leur avait été adressée, avaient finalement refusé de se montrer en public à une fête organisée par une grande dame de la sorcellerie... par crainte des sarcasmes ou représailles des Bana Awel, toujours bien informés... et spécialistes de la mutakalisation des traîtres et des collabos.

La fête battait son plein. 
L'ambiance était tout à fait conviviale. 
La sécurité veillait cependant et contrôlait toutes les invitations. Fermement mais avec respect. On ne faisait pas encore passer les invités sous un portique de détection des métaux et on mesurait pas encore leur température à l'entrée de la salle des fêtes mais on faisait quand même très attention.
Le responsable de la sécurité affecté à la surveillance de la fête, un certain Nat (alias "Nzambe Alalaka Te", alias "L'Evêque", alias "Le Belgicain"...
- Allo coucou, petite chérie ! Hola caracola ! Que passa ?
- Dis-moi, Douchka, ça fait beaucoup d'alias pour une seule et même personne, non ?
- Natl es mérite tous, petite chérie !

alias "Al-Baljiki", alias "Eau Piiire"), agent haut-gradé et très expérimenté des "services (un ancien de l'ex-Agence Nationale de Documentation ou de l'ex-Service d'Action et de Renseignements Militaires)
, suivait de loin et avec suspicion les mouvements de trois individus barbus, portant des sacs lourdement chargés, la tête enrubannée, vêtus d'écharpes, de capuches et de toges ou de soutanes bariolées dont les couleurs n'étaient pas très catholiques romaines.. et qui, entre eux, parlaient le nebali... et qui auraient même demandé où se trouvaient les toilettes et de quel côté on faisait les prières !
- Apparemment, ce sont des rois, Chef !
- Comment ça, des rois  ? C'est chelou ! Des rois de quoi, d'où ça, de qui, de quand, de comment et de pourquoi et avec l'autorisation de qui ?
- Des rois mages, Chef  ! 
- Des mages dis-tu ? C'est chelou ! Je crains le piiire !
- Du moins, c'est ce qu'ils prétendent, Chef !
- Des magiciens, oui ! Des Roms ou des Barakis, des Coastmen, des Popos, d
es Wawas du Sénégal ou du Mali ? Des trafiquants de bijoux et de parfums sans doute ! Des terroristes peut-être ! Des réfugiés probablement ! Des Afghans, des Irakiens ou des Syriens ! Des habitants de Molenbeek ou de Ben Gardane, des fidèles de la mosquée d'Usoke ou des 9-3 de Saint-Denis ! Par les temps qui courent, on ne sait jamais à qui on a affaire ! Et les paquets que  portent ces gens-là, vous les avez bien vérifiés ? Et par qui ces caravaniers et ces carnavaleux ont-ils été invités à la fête ? Ne se seraient-ils pas trompés de porte et de soirée, de date, d'époque, d'endroit ou de religion ? A moins que ces farceurs et ces déguisés ne cherchent à se taper l'incruste, non ?
- Ils disent qu'ils sont venus apporter des cadeaux, Chef!
- Des agents de Bpost, de DHL, de FedEx ou d'UPS alors ! Vérifiez-moi ça et tenez-les à l'oeil ! C'est pas clair, c'est même chelou ! Vigilance extrême kaka ! Je crains le piiire !
- A vos ordres, Chef !

Faites-vous respecter ! Ne vous laissez pas impressionner par ces bapaya ! Gardez vos distances... mais si ces espèces d'individus  ne veulent pas avoir les piiires ennuis avec l'Immigration et si ces braves commerçants ambulants vous proposent de coopérer ... montrez-vous mwa compréhensifs !  
- Oui, Chef !
- Exécution ! Vous me ferez rapport et défendrez mes intérêts ! Ngai pe nazua part ne nga ! 

De grands écrans passaient des images en boucle. 
Champagne millésimé, vins classés, vodkas rares, whiskys anciens, rhum agricole de Guadeloupe ou de Martinique. Gâteries, chatteries, bouchées, culs de bourdon, pralines belges et autres friandises. Un buffet copieux avait été disposé au fond de la salle. Des extras déguisés en laquais, portant perruque et à bas blancs, faisaient circuler des plateaux. Tables bien garnies et musique à tue-tête. Un disc-jockey diffusait et mixait les morceaux les plus connus des meilleurs orchestres de toutes les époques. Les uns buvaient en devisant, les autresdansaient. Et tous paraissaient contents 
- Montrez-le ! Faites du bruit ! Frappez des mains ! Dansez ! Faites-vous servir à boire ! Mangez ! Je vous adoooooooore ! Je suis trop heureuse de vous recevoir dans ma modeste demeure ! Je vous aime trop !
d'avoir été invités à la fête. Et certains donnaient même l'impression de follement s'amuser :  "Mpo na kolia Nowele to Bonana ! Kosepelisa nzoto, kaka ! La fête ne doit pas être réservée à la «basse classe » ! Ata tozali basorcier, on a aussi le droit de se détendre, non ? C'est ça la démocratie sorcière, non ?"
E bongo ! 

Ça se passait dans le monde des sorciers. 
Et je m'apprêtais à devenir  un terroriste.




Ndlr : Vous êtes déjà perdu(e)s ?
Et vous vous demandez où trouver un plan de la ville, un menu de la semaine ou une table des matières quelconque… et comment avoir accès à chacune des différentes séries de séquences du buku « sorciers, services et crapuleux » ?
Problème ezali te, cliquez sur : http://sosecra.blogspot.be/







SCC1/3 - Je m'étais fait engager comme serveur en extra... Et j'ai tenté de couvrir La Malibran d'opprobre et de ridicule en lâchant une praline explosive et malodorante (fourrée au poil à gratter, au fluide glacial ou à la bile de crocodile) dans sa gorge profonde

J'allais devenir un terroriste
J'avais répondu à une annonce, présenté ma candidature et réussi à me faire engager comme serveur en extra par les organisateurs de l'événement.  
Et on m'avait confié la tâche de faire circuler parmi les invités un plateau de gâteries, chatteries, bouchées, culs de bourdon et autres friandises... auxquels j'avais ajouté quelques pralines Dierckx (retravaillées par mes soins) en provenance directe d'une chocolaterie de la rue Gaucheret, rue explosive de la ville de Bruzout

Portant mon plateau à bout de bras, je suis parvenu à m'approcher de la star de la soirée, une soprano du barreau, à la voix certes puissante... Mais aussi une intriguante disposant (dit-on) d'importants soutiens familiaux !, qui était parvenue à se faire nommer à de très hautes fonctions régaliennes au sein de la sorcellerie
On l'appelait La Malibran ! Elle portait le libaya (un libaya de toute beauté qui lui épousait le corps), avec un pagne noué autour de la hanche... et cette soirée avait organisée à l'occasion de son anniversaire... et aussi de la nouvelle année qui tombait deux jours après.

Je me suis approché de La Malibran et ...
- Je vous aiiime tous, mes très chers amis ! Je suis tellement heureuse et je vous adoooore ! Merci d'être venus si nombreux ! Votre présence m'honooore et honore toute la châtellenie ! Vous m'en voyez ravie ! Buvez ! Mangez ! Dansez !
je lui ai tendu mon plateau de gâteries, chatteries et bouchées et ...
- Bon anniversaire, Excellence...
Je t'ai demandé quelque chose ? 
- Bo... bonne...
- Imbécile ! Niama ! Zoba ! Chômeur ! Mbokatier ! Pauvre !  Qu'est-ce que tu fous encore dans mes pattes ? Tika nzela ! Dégage !
- Bonne fortune, Excellence ! Bonne... annéééée !

- Laisse-moi passer, musengi ! Ou je te change en pourceau ! 

j'ai réussi à faire tomber... Schtonk !, avec précision, une praline dans sa gorge profonde... Une Galler, une Gerbaud, une Godiva, une Neuhaus, une Marcolini ou même une Leonidas1 ? 
Meuuuunon, une praline Dierckx !

Circé resplendissante à la gorge palpitante et aux parfums dévastateurs, nourrie à la pâte de maïs de toute première qualité,  La Malibran était constamment entourée de suppôts et estafiers (sept « collaborateurs les plus proches » attendant ses ordres) qui la suivaient partout, prenaient l'avion avec elle, voyageaient avec ses malles, la lavaient, lui massaient le dos et l'entrejambe, la tressaient, l'habillaient, la maquillaient, la flattaient, pensaient pour elle, rédigeaient ses mails, envoyaient ses tweeds, lui servaient à boire, agitaient son éventail, prenaient ses rendez-vous et portaient ses partitions. Elle avait, disait-on, su tirer avantage des pouvoirs occultes que (dit-on) possédait son « frère »… Jadis tout puissant, avant que Kake ne le frappe !, et de l'influence secrète qu'il (dit-on) exerçait sur la Haute Hiérarchie.Devenue sorcière régalienne et membre du Grand Conciliabule, La Malibran était à présent une des voix les plus écoutées de la Châtellenie d'Awel et il était imprudent et, à tout le moins, contre-indiqué de refuser ses invitations. Elle avait élu domicile dans une magnifique gentilhommière donnant sur la place Fernand Cocq et située à quelques centaines de mètres du groupement quasi-autonome d'Awel-Matonge (dont les habitants, opposants notoires et observateurs goguenards des mœurs de la châtellenie, se faisaient appeler les Awélés) et c'est chez elle, par elle et pour elle que la fête avait été organisée à l'avant-veille de la nouvelle année. 

Jadis considérée comme très talentueuse et vantée pour la longueur de son son, la somptuosité de son timbre, la diversité de ses nuances et son engagement dans les personnages qu'elle interprétait sous le régime autocratique précédent, cette sorcière de haut niveau avait, ces dernières années,  complètement changé d'allure. Elle était devenue fourbe et menteuse, âpre au gain, tortueuse et simulatrice. Comme tant d' autres chanteurs et chanteuses d'opéra, stars du spectacle ou de la politique, idoles de la télévision et du show business, elle était devenue très riche... et aussi très nerveuse et très irritable, tendait à se comporter de façon despotique, ne supportait pas la contradiction et n'écoutait plus les conseils de personne. Pas même ceux de ses anciens amis ou de ses anciens professeurs. Elle avait même acquis la réputation de recourir à des crapuleux pour la mise au point et l'exécution de différentes tâches obscures ou, à tout le moins, de laisser des crapuleux de son entourage exercer librement leur pouvoir de nuisance dans des domaines de prédation relevant pourtant, en théorie… A supposer qu'une sorcière, ata régalienne, ait jamais eu le pouvoir de contredire un responsable des « services !,  de son expertise et de sa compétence et de fermer les yeux sur leurs abus et exactions.


La fête battait son plein. 
Un aboyeur criait les noms des gens à leur arrivée dans la salle des fêtes. 

Batterie, tambours, trompettes et saxophones ! Pesa mokongo, tanda biloko ! Accolades, coups de tête et crocs en jambe ! Guitares solos, guitares rythmiques et guitares basses ! Verckys volait comme un papillon et piquait comme une abeille ! Des plateaux circulaient ! Franco attaaaquait ! Bassines et casseroles, gongs et maracas, bouteilles de Mongonzo, klaxons, sifflets et sonnettes de vélo ! Arrogances et hautainetés ! Des mouchards se glissaient au plus près de groupes d'invités qui débattaient à voix basse, mais avec passion, des dernières affaires qui agitaient la châtellenie ! Mais ils se gardaient bien d'intervenir directement dans les conversations ! Propos quelquefois virulents suivis de courbes rentrantes spectaculaires ! Discours et compliments ! Congratulations ! Remerciements ! Vibrant hommage rendu à la Haute Hiérarchie ! Pesa mokongo, tanda biloko ! Lidusu, towuta na lidusu, tokotaka na lidu­su, sakana na lidusu ! Applaudissements ! Clameurs ! HH oyé ! Ovations ! Simaro Massiya Lutumba perpétuait ! Zaïko Langa Langa, Papa Wemba, Evoloko Joker, Pépé Kallé, King Kester Emeneya, Werrason, JB Mpiana, Ferré Gola, Fally Ipupa et de nouveau Zaïko Langa Langa assuraient ou disparaissaient ! Cris des atalakus !  Ah tala ku, tala ku mama, zekete zekete ! Course au pouvoir, Mbiri-Mbiri, Kwiti-Kwiti, Nzinzi et Diarrhée verbale ! Doigts d'honneur et pieds de nez ! Songi-Songi et léchage de raies ! Conciliabules et conjurations ! Vimba Vimba ! Mama Siska ye wana ! Djuna Djanana avait pris du champ mais Sexion d'Assaut et Maître Gims (alias Gandhi Djuna) étaient désormais
 - Des fois j'fais des choses que j'contrôle pas ! 
passés à l'offensive !

Ça se passait dans le monde des sorciers, au sein de la Châtellenie d'Awel. 
Dans les salons et jardins de l'hôtel particulier de La Malibran. Place Fernand Cocq, près du Volle Gas et de La Régence. Entre l'Amour fou et les pompes funèbres J.Van Gossum et fils. Entre la rue du Collège et le chaussée d'Awel.
Et tout le monde paraissait bien content d'être là.

La fête battait son plein.

Pesa mokongo, tanda biloko ! L'ambiance était conviviale mais... certains indices... Une dispute, peut-être ? De l'agitation du côté des toilettes ?, donnaient à penser que tout n'était peut-être pas aussi parfait qu'il y paraissait et que l'atmosphère joyeuse et pleine d'entrain qui présidait à la fête pouvait très bien, d'un moment à l'autre, tourner à l'aigre... 
Dressée sur ses hauts talons, La Malibran, en effet, venait...
- Oh ! 
d'avoir une vive altercation avec certains de ses gens et, échangeait à présent, à mi-voix, des propos agacés avec l'onctueux agent Nat, le responsable de la sécurité, et avec un membre très haut-gradé du Saint-Office
2, un certain général***, un sinistre individu dont… Pour l'instant !, je tairai le nom mais dont, à toutes fins utiles, je communiquerai dès à présent la fiche signalétique : individu occupant la fonction de prélat militaire chargé des inquisitions et des persécutions au sein de la sorcellerie / individu de sexe masculin, chauve et de haute taille / individu arborant généralement des lunettes à monture en or et une montre de marque / individu aimant s'habiller avec élégance, soit en treillis militaire de haute couture, soit en costume rayé, bien coupé, au veston aux larges revers mais déboutonné pour dissimuler un début de bide et la saillie de son ventre / individu  portant habituellement une chemise blanche au col "cutaway" ou "italien", des chaussures Weston ou Church, et, autour du cou, une cravate bleu foncé à pois jaunes ou roses  / individu ayant la détestable habitude de s'asperger copieusement de lotion déodorante...

La Malibran était très énervée. 

Elle venait d'être informée par l'un ou l'autre de ses (au moins sept) collaborateurs les plus proches que de la porte des « commodités » mises à la disposition des invités au bel étage de son hôtel particulier était bloquée de l'intérieur... 
Oh ! Vraiment ? 
parce que des djeuns s'y étaient enfermés depuis plus d'une demi-heure et qu'ils avaient réquisitionné les lieux d'aisance ! Sans doute pour s'y tripoter à l'aise ou s'en mettre plein les narines, on ne savait pas vraiment ! 
Et que ces djeuns n'étaient pas des kuluna et que leur cas était "compliqué" 
Et qu'il s'agissait particulièremet...
- Oh ! Vraiment ? Je n'aime pas ça ! 
du fils d'un très haut dignitaire de la sorcellerie qui avait la réputation d'être le fils à papa le plus dégénéré qui soit: un jet-setteur suffisant et arrogant, ivrogne et débauché, toujours habillé en tenue de cow-boy de pacotille ou de para-commando de mascarade ! 
Et que ce fêtard cocaïné, formé aux États-Unis3 et se piquant de parler l'américain, s'était enfermé...
- Oh ! Vraiment ? Je n'aime pas ça du tout !
dans les toilettes du bel étage avec sa Katula Kiadi du moment 
Et que cette dévergondée était une stagiaire de Digital Luabongo qui rêvait de faire rapidement carrière et de devenir une vedette de la télévision ! Et que cette jeune fille, fraîchement sortie de l’Ifasic ou de l’Université catholique, n'était autre que la « nièce » plus ou moins proche ou lointaine d'un administrateur des « services » dont les bureaux étaient situés au croisement des avenues de l’Equateur et des Aviateurs ! Et que  l'oncle de la petite avait la réputation.d'être vindicatif et qu'il ne voyait pas d'un très bon oeil les débordements de sa « filleule » ! Et que cette filleule était sans doute...
- Oh ! Vraiment ? Je n'aime pas ça du tout du tout du tout !
un peu plus que sa protégée, oh !

La Malibran fulminait de rage 
- C'est donc pour ça qu'ils sont venus à ma fête ! Ils ne pouvaient pas faire leurs crasses ailleurs ! Je n'aime pas ça du tout ! Je vais les changer en pourceaux ! 
et trépignait sur ses hauts talons. Mais personne, pas même elle, n'aurait osé frapper avec autorité à la porte du cabinet de toilettes ainsi réquisitionné pour rappeler à l'ordre ou à la bienséance des djeuns dont les parents ou les protecteurs étaient si hauts placés dans la hiérarchie sorcière. La Malibran était furibonde et avait du mal à se contenir : « Je ne vais quand même pas être obligée d'inviter les excellences, honorables, éminences et dignitaires de la châtellenie ou les ambassadeurs de Chine et des États-Unis et autres distingués invités à monter soulager leur prostate dans mes appartements privés ! Encore heureux que le Nonce Apostolique n'ait pas voulu répondre à mon invitation! » 

Au bord de l'hystérie, La Malibran 
- Je n'aime pas ça du tout ! Je vais les changer !
ne décolérait pas d'être impuissante à gérer cette situation: elle n'était plus maîtresse en sa propre demeure… Le jour même de mon anniversaire, oh !, et celà lui était absolument insupportable. Elle piaffait d'impatience 

- Je vais....
devant la porte des toilettes du bel étage, comme une révérende mère supérieure, habituée à se shooter à l'hostie consacrée, claquant du bec et souffrant d'une fringale aigüe, qui serait obligée, par respect des bonne manières, du protocole ou d'un principe d'égalité tout à fait contestable…
- Je suis quand même une autorité ! On me doit quand même du respect ! 

de se retenir, se retenir, se retenir et de sautiller d'un pied sur l'autre et de faire la file, la file, la file comme tout le monde et de rester dans le rang et...
- Quand même !
d'attendre et d'attendre et d'attendre son tour
 devant le banc de communion, comme une abrutie de maraîchère de légumes, une simple tenancière de malewa ou une vendeuse de pagnes tout à fait ordinaire...

Et c'est à ce moment-là que ... 
- Je vous aiiiime tous, mes très chers amis ! Je vous adoooore ! Amusez-vous bien et montrez-le ! Faites du bruit ! Battez des mains ! 
Dansez ! Faites-vous servir à boire ! Dansez ! Mangez autant que vous pourrez !
j'ai glissé mon plateau sous le nez de La Malibran et que ...
- Bon anniversaire, Excellence ! Bonne...
-Bécil ! Sauvage ! Mapeka ! Mpiaka ! Chômeur ! Mutu ya pamba-pamba ! Espèce d'individu ! Niangalakata ! Longwa kuna ! Qui t'as permis de m'adresser la parole ? Je vais te changer en pourceau !
- Bonne fortune, bonn
... 
- Tufi na mama na yo !
- Bonannééé...
j'ai réussi à faire tomber... Schtonk ! avec précision, une praline Dierckx fourrée au poil à gratter, au fluide glacial ou à la bile de crocodile dans le décolleté profond du libaya que la diva avait fait couper, piquer et festonner par son couturier, sur mesure, après de multiples essayages, spécialement pour les fêtes de fin d'année, oh ! 


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1 Tous des des « allochtones », ces chocolatiers ? Des bwakeurs, des immigrants ou des clandestins ? Sauf, apparemment, Monik Dierckx et Laurent Gerbaud (mais peut-être ces deux-là sont- ils Afrikaners, Willemstadiens de Curaçao, Suisses de Broc en Gruyère ou de Kilchberg, dans le canton de Zurich ou Canadiens français ?) Comment ont-ils fait, tous ces chocolatiers allochtones, pour se soustraire aux contrôles, réputés sévères, de la police des frontières et des étrangers du Royaume de Jupiler ?

2 Le Saint-Office ? Un des « services » chargés de la régulation du système sorcier et de la surveillance de sa population. Ce « service » prétend agir au nom du droit et faire appliquer les lois ou, plus exactement, les instructions du Haut-Hiérarque visant à éradiquer les forces négatives, les mauvaises herbes, les forces du Mal, les champignons parasites, les forces obscures et les insectes turbulents et ravageurs. Certains (quelques-uns, beaucoup... mais pas tous) de ses membres pratiquent ce qu'on peut appeler le banditisme juridique.

3 Une formation multidisciplinaire, sans aucun doute. Au management du pognon et au tir en rafales. A la coke et la pornographie enfantine aussi. 
Sans compter un stage de formation en «Recherche et Opérations» ou une initiation aux techniques de « tortures scientifiques » de la CIA à Washington ou une formation antiterroriste en Floride à la célèbre « Ecole des USA »... Parce que ça pourrait toujours servir, une fois de retour au pays, non ? Et que Papa sera content...
- Ainsi donc, te voilà de retour au pays, mwana ! Prêt à intégrer les "services"  et à servir la Haute Hiérarchie !
et tellement fier de son fils,  non ?





Ndlr : Vous êtes déjà perdu(e)s ?
Et vous vous demandez où trouver un plan de la ville, un menu de la semaine ou une table des matières quelconque… et comment avoir accès à chacune des différentes séries de séquences du buku « sorciers, services et crapuleux » ?
Problème ezali te, cliquez sur : http://sosecra.blogspot.be/







SCC1/4 - J'ai quitté rapidement la scène et je me suis réfugié dans les coulisses... où je me suis caché dans un panier à linge sale ou une armoire à l'abandon en attendant de pouvoir être exfilté


Ça se passait donc...
dans la Châtellenie d'Awel, à l'avant-veille de la nouvelle année
dans les salons de l'hôtel particulier de La Malibran, entre l'Amour fou et les pompes funèbres J. Van Gossum et fils,
dans le monde des sorciers, à l'occasion d'une de mes aventures de hibou à oreilles de chat,

Après avoir laissé tomber... 
- Paaaardon, Mère ! 
- Zoba ! Niama ! Bécil ! Je ne suis pas ta mère! Comment oses-tu encore ? Muyaka ! Indigent ! Niangalakata ! Qui t'as permis de me parler ? Je suis quand même une autorité, non ? Je vais te faire chicoter ! 
- Kosilika te, Excellence ! Je suis vraiment désolé !
- Et voilà que tu cochonnes mon libaya, à présent !!! Maladroit, manchot, bénêt !!! Espèce d'individu !!! Attends un peu que je t'attrape !!! Tu vas sentir tes fesses !!!
- Bolimbisa ngai, Mama ! 
- Je ne suis pas ta mère, ballot !!! Je suis une autorité !!!
- J'arrive tout de suite, Excellence  ! Bolimbisa ngai ! Je cours chercher des secours ! 
- Attends, j'te dis !!! Tu crois peut-être que tu vas t'en tirer comme ça ??? Je vais te changer en pourceau !!!  Mosutu !!! Kuluna !!! Terroriste !!!
- Nazoya, Excellence ! J'arriiiive !
- Naaat !!!
une praline Dierckx dans le décolleté profond du libaya de La Malibran, j'ai prétexté me rendre à la cuisine (la porte des « privés » du bel étage demeurant, et pour cause, obstinément close) y chercher une serviette ou une éponge ou n'importe quoi pour réparer les dégâts que mon apparente maladresse avait provoqués. 
Je me suis... glissé dans la foule et je suis... parvenu à... échapper au regard vigilant de l'onctueux agent Nat et à... me soustraire à la colère de La Malibran et à... disparaître juste avant que ma praline Dierckx (1) … Un pois sauteur enrobé de chocolat ? Une truffe au chocolat se liquéfiant à la chaleur d'un sein fumant ? Une praline télécommandée dotée d'une charge explosive et d'un mini-détonateur et répondant à la moindre sollicitation ?,  ne pète à la figure de La Malibran... Schlag  !, comme un bouchon de champagne très agité, en laissant échapper du fluide glacial, du sulfure d'ammonium ou de la bile de crocodile, une espèce de bouillie infâme, un liquide visqueux verdâtre, jaunâtre ou marron foncé dégageant une odeur perfide, putride et nauséabonde...

Je me suis donc éclipsé au plus vite et
- Ozokende wapi, fieu ? Vite-vite comme ça, oh !  Que se passe-t-il ? C'est chelou ! Qu'est-ce que tu fuis ? Problème ezali ? Faut-il craindre le piiire ?
- Teee ! Problème ezali te, Chef ! On m'a envoyé ! Nazoya ! J'arriiiive !
échappant à la surveillance de l'agent Nat, je suis descendu à la cave où je me suis débarrassé rapidement de ma perruque et de mes bas blancs que j'ai roulés en boule et enfoncés au plus profond d'un panier de linge sale.

J'ai alors rejoint une armoire hors service, rongée par les vers de bois, qui m'attendait au sous-sol et me suis prestement dissimulé à l'intérieur. 
Ce n'était pas un meuble ordinaire, cette armoire vermoulue qui sommeillait depuis toujours dans un corridor peu fréquenté et mal éclairé du sous-sol de l'hôtel particulier de La Malibran, juste à côté de la buanderie et de la salle de repassage. Elle avait peu à peu été laissée à l'abandon parce peu pratique, délabrée, trop vieille, trop moche et trop pleine (disait-on) de malices et de diableries  (2). 
Elle était tellement vieille qu'on ne la même voyait même pas et tellement moche qu'on ne la regardait même plus et tellement remplie (disait-on) de maléfices supposés que quelques-uns des (au moins sept) collaborateurs les plus proches de La Malibran avait cru faire une bonne affaire en la revendant pour leur poche, au prix du bois de chauffage, à un brocanteur de passage qui devait venir en prendre livraison prochainement.. 
Et c'est cette armoire que mes complices avaient au préalable repérée, dépoussiérée, nettoyée et approvisionnée...
Et c'est dans cette armoire qu'ils avaient installé un ebonga, destiné à rendre mon séjour moins inconfortable, un kitunga de première nécessité (contenant une lampe depoche, une kwanga et des makayabo, une calebasse de masanga ya mbila), une salopette de sentinelle ou d'éboueur et un sac en plastique noir pouvant servir d'urinal. 
De quoi tenir un siège pendant quelques heures, au moins jusqu'au matin, quoi !

Entre-temps, dans la résidence de La Malibran et dans toute la châtellenie d'Awel, la confusion était totale et la panique générale. 
La patrie avait été déclarée en danger, menacée par une "hystérie mortifère démoniaque sur base de radicalisme d'addiction et peut-être aussi d'éléments de substances"... et des mesures drastiques de sauvegarde avaient aussitôt été prises par Ysengrin, l'Administrateur général des services et criées sur toutes les places et placardées sur tous les murs de la châtellenie par Tshaku, l'ameuteur public : déploiement des corps habillés en bleu et en kaki dans tous les lieux stratégiques de la sorcellerie (place Fernand Cocq, place Flagey, place du Châtelain, place de la Tulipe, Porte Louise, petite Suisse, ULB, UPN, Palais de la Nation, Boulevard Triomphal et place du Cinquantenaire, échangeur de Limete et monument Lumumba, gare centrale et "place des Evolués", place Sainte-Thérèse, Beach Ngobila, Aéro-Ndjili, Hôpital ex-Mama Yemo, Hôpital de la rue Paquot, Résidence Van Oo, square du Vieux Tilleul, etc) et aux alentours de différents lieux de rencontres citoyennes, à forte concentration de contestataires et d'opposants, du groupement quasi-autonome d'Awel-Matonge (à la place Lumumba, sur la chaussée de Wavre et la rue de la Paix, à la place des Artistes,à la place Golgotha, à l'YMCA, au Bloc de Bandal,  à l'espace Mutombo Bwitshi - ex-Jardin Moto na Moto Abongisa -, au centre culturel Eloko ya Makasi dans le quartier Masina Sans Fil, dans le couloir de la Mort, devant la statue de Freddy Tsimba rue Ernest Solvay, dans les galeries d'Awel, sur le trottoir qui fait face à la Porte de l'Amour de Chéri Samba, dans la rue Francart et la rue de Dublin, à la Calebasse et au Carrefour, dans le restaurant Inzia, au Kuumba, à la Mandibule, etc), modification du plan de circulation, coupure de la connexion internet, suspension du service de messagerie SMS, interdiction de RIIIR et...
- Ce n'est pas autorisé par le réglement ! C'est  illégal ! protestent les généraux Gimana et Nyama, sorciers régaliens et légataires en charge de la répression
- C'est porter atteinte au moral des troupes ! abonde Nat
de faire des selfies avec les corps habillés en bleu ou en kaki, interruption des réseaux sociaux, du trafic aérien et des transactions bancaires, bouclage du quartier Beau vent à Lingwala et fouille approfondie (à la recherche de cacas Molotov et de ballotins de pralines cachés sous des feuilles servant à emballer les kwanga ou, à défaut, de bouteilles de lotoko ou de supu na tolo,  de boulettes de diamba et de pagnes de contrebande ou, à défaut encore, de couteaux de cuisine, de tessons de bouteilles, de cutters ou de paires de ciseaux) de toutes les parcelles, maisons, entreprises, églises et hôtels situés derrière le Palais du Peuple, verrouillage des salons de coiffure, des cybercafés, des agences de fret et de Western Union, fermeture des nganda, des malewa, des tripots, des boîtes de nuit, des sièges de partis politiques et des églises, report des mariages, des communions et des matchs de football, soumission de tous les suspects au détecteur de pensées, interdiction des collations de grades académiques, des matanga, des concerts, des attroupements de clients devant les arrêts de bus, des caravanes publicitaires et des cortèges funèbres...

La rumeur courait, en effet, qu'un serveur immigré et sans papiers aurait débarqué d'une baleinière au port privé  de Liaki et serait ainsi parvenu à pénétrer au coeur même de la châtellenie sans se faire repérer et arrêter par les "services".
Et qu'il aurait  réussi à s'introduire dans l'hôtel particulier de La Malibran où cette grande dame de la sorcellerie fêtait son anniversaire et la nouvelle année.
Et qu'il aurait eu tout le temps...
- Vous vous imaginez ? Est-ce que vous vous rendez compte seulement ?
- Rassurez-vous, Excellence, tout est désormais sous contrôle...
- Tufi na 
yo ! Vous ne savez pas qui je suis ! Vous allez devoir vous expliquer ! Vous allez avoir de gros problèmes !
de faire circuler, en long, en large et en travers, un plateau de gourmandises infectées parmi les invités de cette grande dame de la sorcellerie : blattes siffleuses, tarentules aux poils urticants, geckos au regard maléfique et pralines offensives, fourrées au poil à gratter, au fluide glacial ou à la bile de crocodile... au tangawisi, au pili-pili, à la bave de crapaud ou au jus de limace... à la peinture hydrophobe, à la boule puante ou à la gélignite.
Et que ce faux-serveur, ce kuluna, ce serveur fantôme ou fantasmé se serait déguisé en sentinelle ou en éboueur et aurait réussi... Diaboliquement ! En effectuant quelque tour de magie !, 
 à disparaître, s'évaporer ou se volatiliser..
Et qu'il aurait modifié son apparence, changé de physionomie ou même de sexe et serait désormais aussi introuvable qu'un noyau de cerise ou un plomb de carabine planqué au plus profond d'un pot de confiture de myrtilles.
Et qu'il aurait bénéficié de nombreuses complicités que les "services" s'attacheraint à identifier et à localiser.
Et que les corps habillé en bleu et en kaki auraient à cet effet dressé des barrages, mené de nombreuses perquisitions à Yolo, à Lingwala et dans le groupement quasi-autonome d'Awel-Matonge, contrôlé de nombreuses identités et procédé à plusieurs interpellations de personnes suspectes.
Et que La Malibran aurait le sentiment d'avoir été trahie par quelques-uns de ses (au moins sept) collaborateurs les plus proches.
Et qu'elle les aurait changé en pourceaux, tous soupçonnés de négligence ou de complicité.
Et qu'elle aurait vivement recommandé à Tshaku, l'ameuteur public, d'interdire aux journalistes de s'étendre sur l'incident...
- Le truc n'a pas intérêt à passer sur antenne ! Qu'ils se contentent d'évoquer la menace terroriste "en général" !
Et qu'elle aurait demandé à l’agent Nat (alias "Nzambe Alalaka Te",alais "L'Evêque", alias "Al-Baljiki"), un agent haut-gradé de l'ex-Agence Nationale de Documentation ou de l'ex-Service d'Action et de Renseignements Militaires...
- Je vous tiens pour personnellement responsable, Nat ! J'en référerai à la Haute Hiérarchie ! Aujourd'hui même ! Cette affaire ne restera pas sans suite ! 
et au général***, prélat inquisiteur et persécuteur du Saint-Office...
- Je vous saurais gré, général, de vous saisir personnellement du dossier ! 
de faire enfermer tous les suspects... Capables donc coupables !, à l'Université Libre de Makala. 
Et que ce kuluna, ce serveur engagé en extra que tout le monde recherchait, serait un dangereux terroriste à la solde de puissances étrangères. 

Ça se passait donc dans un hôtel particulier
Et j'étais devenu un terroriste.

Bon, bref, ce n'était vraiment pas le moment de s'attarder, de RIIIR ou de sarcasmer...
Il fallait pister, disparaître à jamais, se faire oublier ailleurs !





  Ndlr: (2016) :Les lectionnaires pressés-pressés (ceux qui n'ont vraiment "pas que ça à faire" et qui veulent néanmoins connaître la suite de l'histoire du terroriste à la praline et de son exfiltration... sans devoir se taper une théorie du roman-guérilla, le concept alémien du roman "tonneau du villageois" ou un signalement plus croustillant du crapuleux général***) peuvent toujours cliquer sur:
http://ssc-02.blogspot.be/2015/04/peu-de-temps-apres-lattentat-la-praline.html




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(1) Une « praline » (comme on dit au Royaume de Jupiler) ou un « bonbon au chocolat » (comme on dit en France... d'après le petit Robert 1, 1984) ou une « bouchée de chocolat » et dont, en l'occurrence, le chocolat enrobait une boule puante explosive (en lieu et place de la liqueur douceâtre qu'on y trouve habituellement) ... mais ça pourrait bientôt être tout autre chose : un roman-réalité utilisé comme arme contre la crapulerie. 

 Rappelons à ce propos qu'en matière de fabrication de pralines 
- Oublions le cacao et essayons l'huile de palme ! Ou réduisons le taux de cacao en ajoutant du sucre et du gras !
le Royaume de Jupiler est en mesure 
- Mais certes pas Monik Dierckx, la divine chocolatière de la rue explosive Gaucheret, qui continue de respecter la tradition !
de donner des leçons (de savoir-faire... d'arrangements boutiquiers, plan foireux, atermoiements funestes et précipitations inconsidérées, astuces, feintes, esquives, débrouilles ou dérives : zijn plan trekken... et un carnet de commandes toujours bien rempli) au monde entier !

(2) On disait même que ce v
ieux meuble oublié et laissé à l'abandon, à l'intérieur duquel je m'étais caché était doué d'une mémoire historique prodigieuse. Et qu'il disposait d'une écoutille ou d'un passage secret qu'il mettait  au service de ses utilisateurs: une écoutille par laquelle les prêtres réfractaires du XVIIIe siècle accédaient directement au XIXe siècle d'où ils pouvaient être rapidement exfiltrés en Syrie, en Irak ou en Argentine, avec l'aide du Vatican, à travers un réseau d'égouts, de souterrains et de catacombes dont tout le monde ignorait l'existence... ou encore un passage secret à l'arrière, donnant sur un escalier dérobé, donnant sur une salle basse, donnant sur un parking souterrain et qui avait permis aux anarchistes du XXe siècle de passer sans embûche au XXIe siècle et d'y trouver refuge dans un espace technique bétonné, au sous-sol de la place Flagey ou de la rue de la Tulipe, normalement réservé aux clochards, aux pigeons et aux oiseaux de nuit...

Mais c'est aussi cette armoire d'illusionniste qui allait à présent, à la veille du réveillon de nouvelle année et avec l'aide d'un marchand de loques, de ferrailles et de meubles d'occasion de ma connaissance, me permettre de passer sans encombres de la Châtellenie d'Awel à la République d'Awoyo, du Royaume de Jupiler à la République autocratique du Luabongo. Et aussi, techniquement, de la première à la deuxième série de séquences de mon roman-feuilleton

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Les dernières (importantes) corrections datent du 31 décembre 2015.


Ndlr : Vous êtes déjà perdu(e)s ?
Et vous vous demandez où trouver un plan de la ville, un menu de la semaine ou une table des matières quelconque… et comment avoir accès à chacune des différentes séries de séquences du buku « sorciers, services et crapuleux » ?
Problème ezali te, cliquez sur : http://sosecra.blogspot.be/